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La saga des connecteurs


Une petite remarque: bizarrement, l’expression « connecteur logique » a un succès largement immérité. On a tendance à la mettre à toutes les sauces.


Les bons grammairiens sérieux (si, cela existe
!) distinguent:

• la jonction et la hiérarchisation à l’intérieur de la phrase (ie
la cohésion) qui est le domaine des « connecteurs » (logiques, mais aussi spatiaux, temporels, etc);

• l’organisation du texte, (ie la cohérence) qui est le domaine des « organisateurs textuels » (mais pas seulement d’eux, comme le disent abusivement nombre de grammaires scolaires françaises simplettes, entraînées hélas par des I.O. tout aussi floues et simplettes!)


Ces organisateurs textuels peuvent être un mot, un groupe ou une phrase qui sert à marquer une transition entre certaines parties d’un texte, tout en indiquant la valeur de cette transition.

On distingue
:

les organisateurs de temps
: au début du siècle, il y a cinquante ans, hier, puis, etc

les organisateurs de lieu: à gauche, au loin, en face, etc

les organisateurs de succession: d’abord, ensuite, enfin, d‘une part, etc

les organisateurs d ‘explication: en fait, en d’autres termes, etc

les organisateurs d’argumentation: pourtant, en revanche, par ailleurs, à l’opposé, etc


DONC est un CONNECTEUR à l’intérieur de la phrase, et ORGANISATEUR en début de paragraphe.


Naturellement, le sens des organisateurs n’est pas totalement étranger au type de discours utilisé dans le texte
!


Pour les élèves, pas de problème
: le fait d’utiliser deux mots distincts leur permet de bien distinguer ce qui relève du niveau de la phrase et ce qui relève du niveau du texte.

Hélas, les I.O. (et nombre de manuels scolaires) confondent les deux niveaux d’analyse et cèdent à la tentation d’appeler tout des « connecteurs logiques »
: c’est franchement regrettable.

Cas particuliers
:

Le « donc » a disparu des conjonctions de coordination et a glissé chez les « adverbes de liaison » car « sa place est libre dans la phrase.»
Qui peut me fournir un exemple simple et convaincant
? Je ne comprends pas la différence de « place libre « par exemple entre le MAIS et le DONC.


Hum! c’est parce que l’on considère maintenant que la coordination peut être assurée, bien sûr, par les conjonctions de coordination, mais également par certains adverbes. Jusque-là, rien de révolutionnaire, mais certaines grammaires vont très loin dans la liste. Je conseille la prudence à l’oral du CAPES.


Quant à la « place libre » pour DONC, elle est très relative mais voici deux exemples
:

Tu peux dire
:
•Jules est parti, donc je suis restée OU – Jules est parti, je suis donc restée

Avec MAIS, tu ne peux pas
:
• Jules est parti mais je suis restée ET NON — Jules est parti, je suis mais restée.

Il est pertinent de laisser DONC dans les conjonctions de coordination
; si l’on veut faire moderne, appelez-le « mot coordonnant », mais n’allez pas plus loin devant un jury de concours, sinon vous allez vous faire épingler là-dessus au cours de l’entretien.