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Larouillies : une église à restaurer

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SOMMAIRE DE LA PAGE


1. Description du monument

2. Grands traits historiques

3. Des trésors à sauvegarder
• les boiseries du XVIIIe siècle
• le maître-autel
• les autels latéraux
• la chaire de vérité



Une histoire plus détaillée de l’église de Larouillies (brochure de 124 pages) sera disponible en version papier et en téléchargement sur ce site PASSION PATRIMOINE à l’adresse suivante :
http://www.sculfort.fr/patrimoine/larouillies/histeglise


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1.
Description du monument


L’église de Larouillies est située sur un monticule à l’extrémité Nord du village. D’aspect simple et un peu austère, elle se caractérise par la grande richesse artistique de son mobilier.

Elle mesure 28 mètres de long sur 9 mètres de large.

Elle a été dédiée à la Nativité de Notre-Dame le premier dimanche de septembre de l’année 1769.

Cette fête religieuse très importante, accompagnée de réjouissances profanes, est à l’origine de la
ducasse (<dédicace) du village.

Le clocher culmine à une hauteur de 25 mètres ; pourvu d’abat-son, il renferme les trois cloches installées en 1923 après que les précédentes eurent été envoyées à la fonte par les Allemands en 1917.

La plus grave des cloches (bourdon) porte le nom de baptême de
Thérèse Marguerite. La plus grande a été nommée Yvette Jeanne Renée, et la plus petite a été baptisée Jeanne Albertine.

Le chœur et les marches y accédant sont pavés de marbre noir et blanc. L’allée centrale de la nef est en pierres bleues.

L'église renferme plusieurs pierres tombales dont la plus illustre est celle de la fille de Gilles Bricart, gouverneur de la province de Vilvorde. Cette ville est située dans le Brabant méridional. Gilles Bricard, natif de Larouillies, fut récompensé pour sa conduite héroïque lors du siège de la ville au XVIIe siècle.





Pierres tombales

On voit dans l'église de Larouillies, près de ce qui fut autrefois la chapelle de Saint‑Nicolas, la pierre tombale de la famille Bricard. En voici l'inscription :

Icy devant repose le corps de Delle Catherine Bricart,
fille du Sr Gille Bricart, en
son vivant gouverneur de Villeworte, laquelle
décéda le 4e janvier 1718 âgée de 76 ans.
• Du sieur Pierre Quenoy son mary qui
décéda le 28 février 1726 âgé de 84 ans
et de Mre Jean Bte Quenoy, leur fils
chanoine d'Avesnes en mémoire a
fait poser cette épitaphe et fondé
deux obits à perpétuité pour le repos
de leurs âmes.
FAXIT DEVS SANCTOrVM PACE
FRVANT VR



Les autres pierres tombales, une exceptée, sont assez effacées. Si ces pierres ont conservé leur emplacement primitif, il n'en est pas de même des ossements qu'elles recouvraient qui, en 1855, lors du nouveau pavage, ont tous été réunis dans une fosse commune. On se demande en vain quel a été le but de cette profanation…

Le Livre des Faits mémorables nous donne à ce sujet les détails suivants :
« Il paraît qu'on a jadis enterré dans l'église, car on a trouvé plusieurs restes cadavériques sous les dalles anciennes. Tous ces cadavres étaient à quelques centimètres seulement de la surface du sol ; l'un d'entre eux, trouvé vis‑à‑vis la pierre tumulaire de Catherine Bricart, fille d’ancien gouverneur de Ville‑Vorde, annonce un personnage d'une stature extraordinaire, il a dû être amputé d'une jambe, car on a trouvé les os d'une seulement.
Tous les os trouvés sous le pavé sont actuellement enterrés vis-à-vis de la chaire de vérité, à environ un mètre de distance. »

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Trésors de l’église de Larouillies 


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A. croix processionnaire du XVIIe siècle, classée monument historique

L'église de Larouillies possède aussi un crucifix en cuivre doré dont l’âme de bois a disparu, sur lequel on lit :

Capitaine Gille Bricart a fait présent
de cette croix au vilaige de La Rouilly
1649.

Cette croix est classée à l’inventaire des Monuments historiques.

Après avoir été conservée au presbytère d’Etrœungt, elle a réintégré sa place naturelle dans l’église de Larouillies où, pour la préserver des vols et des pillages dont ont été victimes les retables des églises de Roubay et La Flamengrie, elle a été fixée au plafond de l’église, tout en haut de la voûte.


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Croix processionnaire du XVIIe siècle


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B. Autres trésors

Un habitant de la commune fit don, dans les années soixante, d’une paire de très précieux vases XIXe s de style rococo en Vieux Paris, qui sont de véritables pièces de musée. Le décor d’oiseaux est d’une grande finesse. Leur haute taille, peu commune, leur donne une très grande valeur.

Malheureusement, celle-ci n’étant pas reconnue, ils furent placés un peu trop près des marches du chœur où une main ou un pied maladroit les ébrécha…

Le généreux donateur était
M. Achille Contesse. Des plaques de cuivre rappellent ce précieux cadeau.




2. Grands traits historiques

L’église de Larouillies a d’abord été une simple chapelle, construite par les moines de la puissante abbaye de Liessies. Sur les murs extérieurs de la nef, on peut remarquer l’appareillage en pierres bleues central, distinct des autres murs, et qui correspond à la construction primitive.

Une très curieuse chronique judiciaire, datant de 1397, fait état de l’église et de son cimetière enclos de murs, qui servit de lieu d’asile à des voleurs de chevaux. Cette chronique, rédigée en ancien picard-wallon, a été traduite par nos soins et publiée par ailleurs.

Entre 1596 et 1598, Charles de Croÿ (
prononcer « croui »), prince de Chimay et seigneur d’Avesnes, eut l’idée de reproduire sur plans l’ensemble de ses propriétés assorti de la vue de chacune des localités, peinte à la gouache à la manière d'un petit tableau. Le duc Charles avait confié la direction de l'œuvre à un peintre valenciennois : Adrien de Montigny. Lors de la récente édition somptueuse des Albums de Croÿ, le village de Larouillies est représenté au tome II (page 131). On y distingue parfaitement l’église de Larouillies et son cimetière attenant enclos de murs.

Nous détaillerons davantage l’histoire de l’église dans une brochure à paraître.

Enfin, c’est devant l’église de Larouillies que fut déclarée la Guerre de Trente ans, sous le roi Louis XIII, le 19 mai 1635, par le héraut d’armes Jean Gratiolet de Dabis. Nous publierons cet acte historique dans la brochure consacrée l’histoire de l’église.

Signalons toutefois que l’état actuel du monument, dans sa structure, date des années 1768-1769, époque de la construction du chœur (contemporain de celui d’Avesnelles), et de la sacristie par l’abbaye de Liessies, la chapelle existante étant devenue trop petite pour l’assemblée des fidèles.
Les trois magnifiques autels baroques de l’église, les somptueuses boiseries de chêne du chœur et de la nef datent de cette époque.

Les vitraux, dons des habitants, et la chaire de vérité datent du XIXe siècle. Nous y reviendrons.




3.
Des trésors à sauvegarder

• les boiseries du XVIIIe siècle

Les boiseries du XVIIIe siècle avaient subi une restauration en 1866. Les boiseries du chœur de l’église ont besoin de soins mais doivent impérativement être préservées afin de garder toute son intégrité à l’ensemble baroque de l’église, qui la fait ressembler en miniature à de nombreuses églises de Rome, si prisées des touristes cultivés.

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Les ferrures de bronze, différentes selon la largeur des panneaux, ont été toutes bien conservées.


Les stalles du chœur et leurs bancs, assortis de « miséricordes », paraissent en bon état : l’ensemble est magnifique ! On les imagine débarrassées de leur vernis et cirées…
Elles proviennent de l’église de Trélon.

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La « miséricorde » permettait à l’officiant de se reposer, tout en semblant rester debout, pendant les longs offices…



Vues latérales des boiseries du chœur :

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Restaurations à effectuer sur les boiseries du chœur :


Un panneau manquant. Le bas de certaines boiseries du chœur demande une restauration à confier à un ébéniste spécialiste.
Ce sont probablement les pierres tombales qui, dressées contre le mur sud du chœur lors de la destruction de l’ancien cimetière en 2006, ont accumulé une humidité qui a endommagé les boiseries contiguës.
On peut constater les parties inférieures noirâtres et endommagées.
Les autres boiseries sont intactes.


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Les pierres tombales de l’ancien cimetière, qui emmagasinent l’humidité responsable de la destruction des boiseries du chœur :

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Les boiseries de la nef, en chêne elles aussi, sont plus sobres et forment également un ensemble précieux d’une belle élégance. Elles semblent en meilleur état. Une partie d’entre elles (côté latéral gauche) vient d’être reposée grâce aux bons soins de la nouvelle municipalité, à qui va notre gratitude.

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Le maître-autel

Le maître-autel de l’église de Larouillies a subi des avanies assez graves, à la suite de restaurations maladroites et d’interventions regrettables dont l’église a fait l’objet à partir des années 1950.
Pour comparer, regardons le chœur baroque d’une église qui a su préserver son patrimoine. Il s’agit de l’é́glise St Martin de Levignacq, pays de Born, Landes, Aquitaine.

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Le maître-autel de l’église de Larouillies a été, hélas, curieusement repeint dans les années cinquante, avec davantage de bonne volonté que de respect du patrimoine et de sens artistique…

Le plus grave a été sa mutilation à la suite du concile de Vatican II, lorsqu’il s’est agi de célébrer la messe face au peuple. Le bas de l’autel a été détaché de l’ensemble, placé au centre du chœur en équilibre instable…

La partie centrale, surmontant le tabernacle, a été démontée : fort heureusement, elle a été conservée. Elle se trouve maintenant dans un débarras au bas de l’église…

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Nous déplorons le maquillage un peu outré des anges, au sourire plein de rouge à lèvres …



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La partie centrale déplacée au centre du chœur, pour économiser l’achat d’une table…

L’arrière de l’autel, en équilibre instable, a été calé par des pierres probablement prélevées sur l’ancien cimetière voisin…

Dans le débarras, la partie centrale de l’autel qui surmontait le tabernacle, tout à fait digne d’être restaurée, et à réhabiliter, donne de précieuses indications sur l’état antérieur du maître-autel :

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• les autels latéraux

Ils sont respectivement dédiés à la Vierge (autel de gauche) et au Sacré-Cœur (autel de droite).

N’ayant jamais été restaurés, les autels latéraux ont échappé au pire, mais ont grand besoin d’interventions. Nous avons la chance de pouvoir reconstituer le puzzle des parties manquantes en les comparant.


Dans les archives, on constate que l’autel de droite était consacré à saint Nicolas, saint populaire s’il en fut !
Nous ignorons à quelle date — mais celle-ci est postérieure à 1900 — la statue du saint protecteur des petits enfants a disparu et a été remplacée par une statue du Sacré-Coeur, dont on constate la taille disproportionnée à celle de l’autel : elle est visiblement trop grande.

Encore un mystère à éclaircir !



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Toutefois, l’autel de la Vierge est menacé par un écroulement du plafond qui le surplombe. C’est la réparation la plus urgente à effectuer :


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Les parties supérieures des deux autels peuvent être comparées en vue d’une restauration. Mais il faudrait avant tout les refixer solidement aux parois.

Les éléments de bois doré sculpté peuvent servir de modèle aux parties manquantes de l’autel symétrique.






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É
tat de l’autel du Sacré-Cœur :


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• la chaire de vérité


Le concile de Vatican II a fait subir de nombreux ravages au patrimoine de notre église. Nous raconterons ailleurs la destruction à coups de masse du banc de communion en fonte et bronze doré, sous les ordres d’un gentil abbé qui avait davantage de zèle apostolique que de connaissances historiques…

La chaire de vérité est une des victimes, heureusement les dégâts semblent réversibles.

Pour comparer, regardons la photo d’une chaire heureusement préservée dans une église de l’Avesnois, à Lez-Fontaine :

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ou cette autre, plus modeste mais préservée (église Saint Martin à Pecq (Belgique) :

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C’est l’ancienne chaire de la collégiale Saint Nicolas d’Avesnes-sur-Helpe, qui a été achetée par la fabrique de l’église de Larouillies en 1845.


La chaire de Larouillies, désaffectée après Vatican II, a subi les outrages d’une installation de chauffage au gaz pour le moins catastrophique :

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Elle était surmontée symboliquement de la colombe de l’Esprit Saint. Celle-ci vient d’être restaurée.

Nous avons retrouvé la partie supérieure de la chaire (celle qui a fait place au brûleur à gaz…) remisée dans la tribune, et les magnifiques bois sculptés dans le débarras.

Heureusement que les éléments principaux ont échappé à la destruction !

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Remisée dans la tribune, la partie supérieure de la chaire de vérité…
Les bois sculptés qui étaient fixés au mur sont présents par miracle, quoi qu’en triste état…
Décidément, ce débarras recèle des trésors…




Faute d’espace dans cette page, nous ne faisons pas figurer ici les nombreuses photos, un peu déprimantes, des éléments à réparer (pavement de marbre, éléments détachés), ainsi que l’état de la sacristie…

Nous avons envie de restaurer le riche patrimoine historique et artistique de cette église afin de le transmettre aux générations futures, et toutes les énergies et les bonnes volontés ne manqueront pas pour y parvenir, même si la tâche semble a priori un peu écrasante.

Nous envisageons donc de créer une association pour la sauvegarde et la réparation de l’église de Larouillies.