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Pourquoi un coq sur notre clocher ?

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En cuivre repoussé et verni, mesurant 50 centimètres de largeur et 60 centimètres de hauteur, datant de la fin du XIXe siècle — probablement de 1892 — le coq de l’église de Larouillies a été restauré, béni et remis en place le samedi 11 novembre 2017, à l’issue d’une cérémonie solennelle qui a réuni la communauté.

Il a été perché sur la croix en fer forgé qui surmonte le clocher tout juste refait à neuf.





Histoire, religion et traditions







Le Coq de clocher


Le coq au sommet du clocher des églises est appelé « cochet ». Il fait souvent office de girouette et indique la direction du vent. Mais sa véritable fonction va bien au-delà d’une simple indication météorologique.

Attesté depuis le début du VIe siècle par saint Eucher, son rôle est de désigner les églises orientées — orientées, c’est-à-dire tournées vers l’Orient, le soleil levant, l’Est.

Si l’édifice n’est pas tourné vers l’Est pour un motif particulier, le coq est absent du clocher. Il est remplacé, par exemple, par une étoile ou un croissant de lune, ou encore par un globe ou un soleil flamboyant. Ainsi l’étoile indique que l’église a été bâtie dans l’axe d’une étoile fixe ou d’une planète.

Mais ces exceptions sont relativement rares car, selon la règle, tout édifice religieux chrétien doit avoir son maître-autel dirigé vers le point de l’horizon où le soleil apparaît le jour de la fête du saint patron auquel il est dédié. Si l’église est orientée, elle aussi, vers l’Est, le maître-autel est placé dans l’axe de la nef. Si le sanctuaire n’est pas orienté vers l’Est, le maître-autel est décalé afin qu’il soit dirigé dans la bonne direction.


Histoire

On ignore l’origine de cette représentation du coq au faîte des clochers de nos villages. L’apparition d’une telle pratique remonte, dit-on, au IXe siècle, puisque le plus ancien se trouve à BRESCIA tout au nord de l’Italie.
En 820, sixième année de son épiscopat, Rampert, évêque de Brescia, fait fondre un coq de bronze doré et le place au faîte du clocher de son église.
Le pape Léon IV (847-855) l’approuve et fait de même pour la basilique Saint-Pierre. Cette tradition ne se développera que dans l’Occident comme symbole de la Chrétienté.


Au Xe siècle, le poète anglais Wotan ou Walstan parle du coq de la cathédrale de Winchester : « Seul il a aperçu le soleil à la fin de sa course se précipitant dans l’océan, et c’est à lui qu’il est donné de saluer les premiers rayons de l’aurore... ».
Ce même coq est représenté au XII
e siècle sur la tapisserie de Bayeux.




tapisse_Bayeux_coq_Westminster

Hugues de Saint-Victor, qui fut chanoine à Saint-Victor de Marseille, puis à Paris où il mourut vers 1140, étudie longuement le symbolisme du coq posé sur les campaniles. Ce qui prouve un usage courant au XIIe siècle.

Le coq fut aussi victime des guerres de religion, et
Érasme se plaint d’un iconoclasme dans le Valais : « Hélas en bien des endroits, l’oiseau tomba avec la croix, sous les coups des réformateurs ».

On ne met qu’un seul coq par église et, à Tournai ou à Solre-le-Château, s’il y a cinq clochers, un seul porte un coq.

Le véritable promoteur du coq laïc fut le roi Henri IV qui préconisa « la poule au pot » dans chaque foyer, mais choisit le coq comme le symbole de la France (le lys restant le symbole royal). Pour fêter le baptême de son fils, Louis XIII, il fit graver une médaille ornée d’un coq.


Louis XIV en fit sculpter dans la Galerie des Glaces de Versailles. Lors de la Première République, le coq symbolique est accepté par la Convention nationale. Il est ressuscité sous la Monarchie de Juillet.
Napoléon Ie lui préféra l’aigle comme symbole de l’Empire. Les Français faillirent en faire un des symboles officiels de la III
e République. Son image le dresse ensuite contre l’aigle allemand.
Après la Libération, le général de Gaulle fait graver un coq sur les timbres. Notre V
e République l’a délaissé, mais il lui reste d’être le symbole de l’excellence sportive.



Artisanat



Un coq de clocher, dans des conditions normales, peut durer plus de 300 ans. Celui de l’église de Dierrey-Saint-Pierre est daté de 1686, et lorsqu’il est descendu en 1976, il est encore dans un état très acceptable.

Les coqs sont en cuivre embouti. Des essais d’utilisation du zinc furent tentés, mais les résultats démontrent qu’il ne résiste qu’un temps relativement bref, environ cinquante ans, aux agents atmosphériques.



Lors de la restauration ou de la réfection de la toiture du clocher, les couvreurs descendent le coq-girouette de sa croix. C’est l’occasion de lui « faire une toilette ». S’il n’est pas trop atteint par la pollution atmosphérique ou d’autres blessures, on se contente de le ragréer et de le repeindre de vives couleurs. Sinon, il ne reste qu’à le remplacer par un congénère flambant neuf.
Lors de sa remise en place, on veille attentivement à ce qu’il tourne librement sur son axe, car il est déjà arrivé que des couvreurs mécontents de leur salaire ou de leurs pourboires, bloquent le coq sur la croix, au grand dam des villageois qui ne disposent plus que d’une « girouette fixe » !


Le coq de Larouillies porte des traces de balles, dont l’une au cou. Mais on ignore à quelle époque il a été mitraillé. Il a heureusement survécu.



Traditions


Que le coq soit neuf ou restauré, il doit, avant de reprendre sa place, être présenté aux habitants. Fiché sur une hampe, il va se rendre auprès de chaque villageois et le même cérémonial se reproduit à chaque foyer de la commune.

Empanaché de flots de rubans tricolores, il est remis en place par le couvreur et le maire de la commune.
On glisse, à l’intérieur, un message pour les générations futures, et une pièce d’un euro…

A l’occasion de la remise en place, on lui fait faire trois tours sur son axe : un pour M. le curé, un pour M. le Maire, et un pour le couvreur.


        De nos jours, une tradition toujours vivace veut que l’on surveille attentivement l’orientation que prend le coq du clocher à la fête des Rameaux. On peut être assuré que le vent qu’il indique ce dimanche-là sera le vent dominant des trois quarts de l’année.


Religion


Le coq est universellement un symbole solaire parce que son chant annonce le lever du soleil, l'arrivée du jour, si bien qu'on a pu croire que c'était lui qui le faisait naître. Cette tradition est explicite dans la pièce de théâtre Chantecler d’Edmond Rostand (1910). Chantecler est le nom du coq dans le Roman de Renart.

En outre, le coq-girouette du clocher, toujours face au vent, symbolise, pour les Chrétiens, le Christ rédempteur qui protège le Chrétien des péchés et des dangers.

Le coq serait l’oiseau de lumière, l’emblème du Christ et de l’intelligence de Dieu : «
l’oiseau annonciateur du jour qui appelle les âmes à la vie chrétienne ». Comme le Christ, il annonce l’arrivée du jour après la nuit, symboliquement « Celle du bien après le mal ». 

Pour d’autres, le symbole est différent. Il serait celui de la Résurrection.

« 
Dans l’art chrétien, il est l’emblème de Saint Pierre : symbole de la résurrection du Christ, de la vigilance chrétienne, des prédicateurs » (Chanoine L-E. Marcel).

Une autre explication serait que les premiers chrétiens se réunissaient pour une prière matinale 
au chant du coq, jusqu’à l’apparition des cloches, vers le Vsiècle.

On a remarqué que souvent l
’intérieur du coq contenait des reliques. Ainsi, le coq de la cathédrale Notre-Dame de Paris, descendu pour une remise en état, contenait des ossements.

La tradition chrétienne raconte que saint Pierre a passé une nuit dans l’erreur avant de renaître au chant du coq. Dans la nuit qui a suivi l’arrestation de Jésus, l’apôtre Pierre a renié son maître trois fois de suite avant le chant du coq, selon les Évangiles.

Lors de la Cène, Jésus dit à Simon Pierre « En vérité je te le dis cette nuit même, avant que le coq chante, tu me renieras trois fois. » (Matthieu 26, 69-75, voir aussi Marc 14, 30 ; Luc 22, 60 ; Jean 18, 27). C'est ainsi que, par trois fois, Pierre a déclaré : « Je ne connais pas cet homme. »

On rapporte que Pierre ne put jamais plus entendre le chant du coq au lever du jour sans pleurer au souvenir de sa faiblesse. C'est pourquoi il est souvent représenté les joues creusées de deux sillons par les larmes.

Le coq prend place, dans le décor sculpté des calvaires bretons et alpins, parmi les instruments de la Passion. (voir photo ci-dessous)



Même si la girouette du clocher engage à associer le mot au fait de tourner sa veste, de changer d’avis, il n'empêche que l'hymne des laudes dominicales, ou prière du matin, est un extraordinaire éloge du coq qui lance son appel au soleil.
Au Ve siècle, les moines n’avaient, journellement, que deux offices à chanter : le
Gallicinium ou l'heure du coq, le matin ; et le Lucernarium, ou l’heure de la lampe, le soir. C’est pourquoi on trouve des lampes à huile en terre cuite remontant aux débuts du christianisme et portant l'image du coq.

Hymne des laudes dominicales
Déjà retentit le héraut du jour
Appelant l’éclat du soleil.
Lucifer réveillé par lui [Lucifer : ancien nom de la planète Vénus]
Dégage la voûte céleste des ténèbres :
Toute la cohorte des ombres errantes
Quitte grâce à lui les chemins du mal.
C’est lui qui rassemble les forces du marin
Et apaise les vagues de la mer.
Par son chant, il lave les péchés
Aussi, levons-nous courageusement ;
Le coq réveille ceux qui sont couchés,
Apostrophe ceux qui somnolent encore,
Invective ceux qui refusent de se lever.
Par son chant, le coq rend l’espoir
Et le malade recouvre la santé.
Le malfaiteur remet l’épée au fourreau
Et le renégat se convertit…



Saints ayant pour attribut un coq 

Saint Guy ou Vit évoquait au Moyen Âge l’ardeur, la virilité du coq. Saint guérisseur, on l’invoquait surtout pour l’épilepsie et la chorée, aussi appelée danse de Saint-Guy.
Sainte Odile, qui avait été miraculeusement guérie d’une cécité. On l’invoque pour la même raison, c'est-à-dire pour recouvrer la lumière du jour, tel le coq.
Saint Pierre, à cause du reniement trois fois exprimé avant le chant du coq.
Saint Jacques le Majeur, protecteur des chemins de Compostelle. Le coq rappelle le miracle du pendu dépendu :


Une famille de pèlerins, père, mère et fils, sur le chemin de Compostelle, s’arrête pour une nuit à Santo-Domingo où l’on vénère saint Dominique de la Calzada. À l’auberge, le fils refuse les avances d’une employée de la maison qui, vexée, décide de se venger. Elle glisse dans la besace du jeune homme une coupe et un couvert d’argent et l’accuse de vol après le départ des trois pèlerins. Le fils est rattrapé, jugé, condamné à mort. Pendant ce temps, les parents ont poursuivi leur pèlerinage. À leur retour, voulant retrouver le corps de leur fils, ils le découvrent vivant, sous la potence, soutenu par saint Jacques en personne. Ils courent chez le juge, lui racontent cette histoire qui est une preuve de l’innocence de leur fils. Mais le juge ne les croit pas. Le magistrat était attablé et dégustait un coq rôti. Il dit : « Je vous croirai quand ce coq chantera ». Le coq se dresse alors sur ses ergots et se met à chanter. Le jeune homme est immédiatement innocenté.

Saint Corneille, pape et guérisseur.
Saint Gall, à cause de son homonymie (gallus : le coq).
Saint Tropez, centurion romain décapité à Pise, son corps fut abandonné dans une barque en compagnie d’un coq et d’un chien.
Saint Landry de Soignies. Une nuit, il aurait retrouvé son chemin grâce au chant d’un coq.
Saint Dominique de la Calzada, accompagné d’un coq blanc. Miracle du pendu dépendu.
Saint Charlemagne, l’empereur d’Occident canonisé en 1165 porte, dans la 
Chronique de Nuremberg, un coq sur son écu.

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POUR ALLER PLUS LOIN






Pourquoi le coq ?


En latin, le mot gallus signifie coq, ce qui faisait bien rire les Romains, qui faisaient un jeu de mots ironique sur coq, et gaulois

Le coq gaulois étant l’emblème de notre pays, nous pourrions penser que le rapport est évident. Mais non. Il faut chercher du côté des mythologies.

Le coq a toujours des qualités proverbiales de fierté, de courage, d’intelligence et de vigilance. C’est un symbole de virilité et de bravoure.

Du fait de sa vaillance, il surmonte bon nombre de monuments aux morts de la Première Guerre Mondiale, dont celui de Larouillies.

Tout ceci est vrai, mais nous devons approfondir le sens de ce symbole. Retournons auprès des Grecs, des Romains, des Chaldéens et des premiers chrétiens, pour finalement comprendre que le coq a une dimension spirituelle très importante.


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Mythologies antiques

Le coq est un oiseau sacré chez de nombreux peuples à cause de ses qualités proverbiales de fierté, de courage, d’intelligence et de vigilance. C’est un symbole de virilité et de bravoure.

Il est l’attribut d’Hermès chez les Grecs, de Mercure chez les Romains, assimilé à Lug par les Celtes, patrons des chemins et des routes et messager des dieux. La planète Mercure se lève en même temps et au même endroit que le Soleil.

En tant qu’oiseau solaire, le coq est aussi l’attribut d’
Hélios et d’Apollon le « Brillant », et parce qu’il est fougueux et combatif, de Minerve, déesse des techniques de guerre) et de Mars (dieu de la guerre) ; il est l’oiseau préféré de Léto, mère d’Apollon et d’Artémis.

Nergal, l’homologue perse d’Arès/Mars, a pour emblème le coq de combat ; le coq est consacré à la déesse Nuit et à la Lune.

Pour les Romains, le jour commence vers le milieu de la nuit,
ad gallicinium, c’est-à-dire au chant du coq. Les Romains observent son chant et interprètent ses entrailles pour prédire l’avenir. On nomme la divination par les coqs l’alectryomancie. Selon Jamblique, Pythagore disait : « Nourrissez le coq et ne l’immolez pas car il est consacré au Soleil et à la Lune ».

Le coq est associé à la victoire, à l’éloquence, à la vigilance, à la fécondité et, il faut le reconnaître, à la lubricité. Dans le Dictionnaire raisonné universel d’histoire naturelle de Jacques C. Valmont de Bomare, on lit :
«
 Le coq est le plus lubrique des oiseaux. Il aime à prendre ses ébats amoureux en plein air : à peine ouvre-t-on le poulailler qu’on le voit entrer au milieu de son sérail et courir après les poules, les poursuivre et les subjuguer ; on dit que chaque jour il coche les poules jusqu’à cinquante fois. » (tome 2, p. 266, Paris, 1775.)
D’ailleurs, chacun sait ce qu’est un « coq de village »…

Le coq annonce le jour et il est donc, chez les Celtes, un attribut du dieu
Lug le « lumineux » dont le nom dérive de la racine indo-européenne leuk qui signifie lumière. Coq et soleil sont étroitement liés dans l’esprit des hommes. C’est à l’appel du coq que le soleil se lève. Il annonce la résurrection quotidienne de l’astre du jour et préside à la défaite des ténèbres.

Le coq est aussi l’assistant d’Asclépios (Esculape), le dieu de la médecine, et devient l’un des ses attributs, avec le symbole du caducée. Dans les représentations antiques, on opposait souvent le coq guérisseur au serpent dispensateur du mal.




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Bible et folklore

Dans la Bible, le coq est le plus intelligent des animaux (Job, 38).

Dans la religion chrétienne, il incarne le Christ annonçant le jour nouveau de la foi. Le coq étant le Précurseur du Christ-Soleil, il est aussi un symbole de Jean le Baptiste, fêté au solstice d’été.

On peut retrouver ce rapprochement dans le folklore européen. Chez les Slaves, le jour de la Saint-Jean d’été, pour connaître l’avenir, les jeunes filles placent un grain d’avoine à l’intérieur d’un cercle et lâchent ensuite un coq. Celle dont le grain est picoré en premier se verra mariée dans l’année.

Au dire de Pierre de Beauvais, le basilic naîtrait d’un œuf de coq et non de poule. De même, les œufs de Pâques appelés 
cocognes étaient censés avoir été pondus par un coq.

L’Abraxas était un symbole des gnostiques du II
e siècle, utilisé par l’école d’Alexandrie. Il s’agit d’une chimère à tête de coq, au corps humain et aux jambes en forme de serpents. Il brandit un fouet d’une main, et un bouclier de l’autre, gravé des lettres IAΩ : I pour Iesous, suivi de l’alpha et de l’oméga.




Franc-maçonnerie et compagnonnage

Le coq figure dans le cabinet de réflexion des loges maçonniques avec la légende : « Vigilance et persévérance. Il veille dans les ténèbres et annonce la lumière ». Il recommande au profane de rester en alerte car la lumière peut surgir à tout moment, mais aussi de ne pas se décourager trop rapidement s’il veut la recevoir. Le chemin sera long et peut-être difficile.


Jadis les compagnons bâtisseurs utilisaient le coq pour exorciser leurs constructions. Sa couleur avait de l’importance car elle correspondait à l’un des trois chants que le gallinacé entonne à l’aube.
Le premier coq est
noir car son chant est poussé pendant la nuit ; le second est rouge comme la couleur de l’aurore et symbolise le combat des ténèbres et de la lumière ; le troisième est blanc car la lumière a vaincu les ténèbres.
Ce sont, bien sûr, les trois couleurs du grand œuvre alchimique, dans l’ordre.

C’est aussi un compagnon, le plus jeune des apprentis, qui allait placer le cochet, la girouette en forme de coq, au sommet du clocher des églises.

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Alchimie


Le coq est le symbole alchimique du vitriol, formé par la cuisson du sel et du soufre. Au début du Grand Œuvre, le lion vert (la matière première) est soumis au feu de l’athanor et se trouve agressé par le renard dont la queue figure le soufre. Basile Valentin parlant du soufre se muant en vitriol fait dire à l’adepte que « 
le coq mangera le renard » et, finalement, un coq triomphant symbolisera l’issue de sa confrontation avec le lion.

L’origine de cette symbolique se trouve chez le philosophe Lucrèce, et chez Pline l’ancien (
Histoire naturelle). Lucrèce affirme dans son De natura rerum que : « quand chassant la nuit au battement de ses ailes, le coq appelle l’aurore de sa voix éclatante, le plus courageux des lions est incapable de lui tenir tête et de le regarder en face, tant il songe alors à la fuite ».




La pierre alectoire ou alectaire


La pierre alectoire (pierre du coq) est, depuis l’Antiquité romaine jusqu’au Moyen-Âge, le talisman des athlètes. Ce bézoard, nom donné aux concrétions pierreuses que l’on trouve dans le corps des animaux, aurait, selon le Grand Albert, la vertu d’étancher la soif.


Cependant, il doit être extrait d’un coq d’au moins quatre ans. Mais le véritable pouvoir de cette pierre merveilleuse est ésotérique et ne peut être obtenu qu’à l’issue d’un combat symbolique de coqs. Ce duel, d’une extrême violence, se termine par la mort d’un des deux gallinacés. Son sens est à rapprocher du mythe d’Abel et de Caïn qui sont les personnifications de deux forces antagonistes. À la mort d’Abel, Seth représentera la force de l’équilibre, le bâton du caducée.


À la mort du coq, on trouvera cette force sous la forme d’une pierre en fouillant l’intérieur de ses entrailles.
D’après le 
Lapidaire de Marbode (1035-1123), la pierre serait cristalline, blanche, et de la grosseur d’une fève. Elle rend les athlètes invincibles et procure le verbe clair et l’éloquence aux orateurs. C’est une pierre de lumière, la même qui est évoquée par l’acronyme des alchimistes (et des Francs-Maçons), V.I.T.R.I.O.L : Visita Interiora Terrae Rectificando Invenies Occultum Lapidem soit Visite l'intérieur de la terre et en rectifiant tu trouveras la pierre cachée. En d’autres termes : la pierre philosophale.

Se rectifier, c’est marcher droit à nouveau après un boitement mais à l’aide d’une canne, d’un bâton rectiligne, symbole de l’
Équilibre.




Le coq emblème de la France


L’idée d’un coq emblème des Gaulois est relativement récente. Si les Celtes vénéraient le coq comme attribut de Lug, puis de Mercure (époque gallo-romaine), ils n’en ont pas fait pour autant l’emblème de leur peuple. Ce sont les Romains qui ont nommé l’habitant de la Gaule gallus (gaulois), mot qui signifie aussi coq. Jules César dans sa Guerre des Gaules compare la vaillance du coq protégeant farouchement sa basse-cour à la fougue des guerriers gaulois.


Mais il faut attendre la fin du Moyen Âge pour voir les souverains français accepter le coq comme emblème de leur courage et de leur vigilance, et c’est seulement à partir de la Renaissance que le coq personnifie la Nation française.

Créé par un décret du 22 novembre 1951, l'insigne officiel des maires aux couleurs nationales est conforme au modèle ci-après : « Sur un fond d'émail bleu, blanc et rouge portant « MAIRE » sur le blanc et « R.F. » sur le bleu ; entouré de deux rameaux de sinople, d'olivier à dextre et de chêne à senestre, le tout brochant sur un faisceau de licteur d'argent sommé d'une tête de coq d'or barbée et crêtée de gueules.»



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Poèmes



Oiseau de fer qui dit le vent
Oiseau qui chante au jour levant
Oiseau bel oiseau querelleur
Oiseau plus fort que nos malheurs
Oiseau sur l’église et l’auvent
Oiseau de France comme avant
Oiseau de toutes les couleurs.

(Louis Aragon,
Le Nouveau Crève-Coeur, 1948)
Le coq

Je vais fabriquer un coq de clocher,
Il sera tout noir au soleil couché,

Il sera tout blanc au soleil levant
Et d'argent brillant à midi tapant.

Vous ai-je assez dit que je vous aimais !
Mon coq de clocher ne parle jamais.

À Londres, Paris, vous ai-je attendue !
Lui, ne commet pas la moindre bévue.

J'ai perdu le Nord, il me le rendra,
Nous irons ensemble où ça nous plaira.

Henri Thomas


Matin

Le coq égosillé chancelle comme un pitre.

Par grands coups de clarté, le soleil cogne aux vitres

Et, dans un remuement de feuillage et d’oiseaux,

Poursuit l’aube blottie au lit vert des roseaux.

Un volet qu’on entrouvre éveille le village.

Voici qu’un jardin bouge, où la poule saccage

La motte que blesse un furtif éraflement.

La coccinelle court et veut obstinément

Contourner du melon la panse lisse et ronde.

Le ciel crève d’été, toute la vie est blonde.

Des dindons hébétés picorent par erreur

Le rayon, sucre d’or. Une haute chaleur,

Lasse d’avoir plané, rabat son aile chaude

Sur les maisons, le sol. La ruche entière rôde.

Sur le sein plus rosé d’un calice mignon,

Comme une bouche, s’attarde le papillon,

Pendant que le soleil, sabot lourd de lumière,

Vient gravir le perron en écrasant le lierre.

Medjé Vézina, « Matin », Chaque heure a son visage, Montréal, Les Herbes rouges, coll. « Five o’clock », 1999.



Légende des illustrations


Coq de Larouillies : photo Yves Desmets, La Voix du Nord 8/11/201
Tapisserie de Bayeux
Croix de mission, Saint-Véran, Hautes Alpes
Coq de Larouillies : deux photos, Wilfrid Salmon
Grand tétras
Tapisserie de Jean Lurçat
Insigne des maires de France
Grille du Coq, palais de l’
Élysée, Paris



Bibliographie


Chevalier, Gheerbrandt,
Dictionnaire des symboles, coll. Bouquins, R. Laffont.


Belfiore, Jean-Claude, Croyances et symboles de l’Antiquité, Larousse, Paris, 2010.

Cazenave, Michel (sous la direction de), Encyclopédie des symboles, Librairie Générale Française, 1996. 

Charbonneau-Lassay, Louis,
Le Bestiaire du Christ, Albin-Michel, Paris, 2006, pp. 632-634.

Pastoureau, Michel,
Les emblèmes de la France, Bonneton, Paris, 1998, pp. 62-63.