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La saga du groupe nominal



Toute terminologie officielle doit contenter tout le monde : les éléphants de la grammaire traditionnelle et les tenants des nouveaux courants. Au risque de perturber les honnêtes militants de base.

Je vais mettre en
noir la version canal historique, en bleu la version nouvelle, en rouge les points sur lesquels il ne faut pas chuter à un oral de concours, et, si j’ai le temps, en vert les problèmes pédagogiques qui me paraissent intéressants.


1.
Version classique (très rapidement, tout le monde connaît).

Les expansions du nom comprennent classiquement :

•les adjectifs (adjectifs qualificatifs en grammaire scolaire traditionnelle, adjectifs tout court en grammaire rénovée)
Les relationnels peuvent souvent être remplacés par des compléments de nom, mais ils sont l’indice d’un langage plus soutenu (le cortège présidentiel > le cortège du président)

• le complément du nom (en grammaire rénovée : complément déterminatif)

• l’apposition = un nom qui précise un autre nom , ce qui exclut de parler d’adjectif apposé : la Tour Eiffel
Aux concours : ne pas confondre cette construction avec la construction directe du complément déterminatif, en pleine expansion dans la langue contemporaine : l’impôt sécheresse, le gouvernement Fillion, le régime minceur, le budget vacances...
On dit parfois que cette construction est un anglicisme : rien n’est moins sûr : au XIIe s., on avait
La mort Artu

• la relative.



2. Version grammaire rénovée

Pour compléter un nom, on appelle tout ce qui se met devant des quantifiants (articles, numéraux cardinaux, indéfinis) et tout ce qui se met après, à droite, des caractérisants.


a. caractérisants directs

adjectifs : le ministre actuel

participes présents-adjectifs verbaux : le thé bouillant

participes passés employés comme adjectifs : le café bouilli

adverbes : la banquette arrière

interjection (une seule à ma connaissance) la génération bof

noms : le duc Arthur, le fauteuil Voltaire, Sinbad le Marin, nos ancêtres les Gaulois, des vestes marron, ainsi que les constructions modernes mises en rouge plus haut : on ne fait plus de différence, mais au concours, on la signale toujours pour montrer qu’on l’a vue.

même et autre que l’on a extrait des indéfinis : même caractérise le nom par similitude et autre par contraste.
(en sémantique et en logique, on opposera :
Jacques et Alain ont acheté la même voiture (deux voitures différentes du même modèle) et Jacques et Nicolas ont épousé la même femme (la même, mais successivement, parce qu’en France, simultanément, c’est interdit).


b. caractérisants indirects

- prépositionnels : compléments déterminatifs ou compléments de nom : le phénix du Haut Poitou, un ministre à recaser, la nomination d’hier(noms, pronom, infinitif, adverbe)

Les grammaires scolaires et bon nombre de linguistes admettent que la ville de Paris est une apposition. Lucien Tesnière (1959) et Marc Wilmet pensent que c’est une hérésie.

Pour Wilmet : la ville de Paris : caractérisant indirect, mais pas apposition.

- pronominaux :
ce sont les relatives (Wilmet récuse l’opposition déterminatives et explicatives, qui vient de la Grammaire de Port-Royal, parce que cela ne sert à rien, et que, c’est vrai, c’est un drôle de mic-mac) : Jacques, qui mange de la tête de veau, et Adrien qui mange de la choucroute.

- conjonctionnels :
Ce sont les subordonnées conjonctionnelles qui peuvent se réduire à un complément déterminatif :
L’idée que Jean-Pierre reste au pouvoir fait rire (ou pleurer) = l’idée du maintien de JP au pouvoir...

Le vrai problème pédagogique c’est la manière dont tous ces caractérisants se combinent, la place de l’adjectif, etc.