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La subordonnée circonstancielle


Observation

Guenièvre de Carmélide


Les tables étaient déjà mises pour le repas quand arrivèrent au palais de Léodagan nos trois rois et Merlin. Léodagan, les attendant, s’était appuyé à une fenêtre. Et dès qu’il les vit venir, il alla à leur rencontre et leur fit fête. On leur prit leurs chevaux, on les désarma, et on les conduisit par la main dans une salle richement ornée où une damoiselle d’une grande beauté leur présenta l’eau chaude dans un bassin d’argent. C’était la fille de Léodagan, Guenièvre, et on ne pouvait alors trouver plus belle personne en Bretagne. De sa main, elle leur lava le visage et le cou, qu’ils avaient couverts de poussière du champ de bataille, et elle leur passa à chacun un fort élégant manteau.
Dès l’instant où Artus en fut revêtu, il plut à Guenièvre, qui ne fut pas longue à comprendre que lui aussi l’observait à la dérobée, avec un intérêt mêlé d’admiration. Ses grands yeux très bleus pétillèrent alors de gaieté, ce qui la rendit encore plus attrayante,
si la chose se pouvait.
Léodagan conduisit ses hôtes à table. […]
Cependant, Guenièvre offrait le vin à Artus dans la coupe du roi, agenouillée devant lui, et il la trouva
si belle qu’il en oubliait de boire et de manger. Il se tourna légèrement pour que ses voisins ne voient point son émoi, mais Guenièvre, elle, s’en aperçut très bien.

Laurence Camiglieri, Contes et légendes des chevaliers de la Table Ronde, Nathan, 1976.



Questions
1. Supprimez les groupes de mots en
bleu. Les phrases obtenues restent-elles toutes cohérentes?

2. Quels sont ceux des groupes de mots en
bleu qui peuvent être déplacés dans la phrase? Quels sont ceux qui occupent une place fixe?

3. Quel mot ou expression introduit chacun de ces groupes
?

4. À quel mode et à quel temps sont conjugués les verbes des groupes en bleu
?

5. Quel renseignement ajoute chacun des groupes de mots en bleu
?


Leçon

Définition

La proposition subordonnée circonstancielle est un élément non essentiel de la phrase.
Ex.
: Et [dès qu’il les vit venir], il alla à leur rencontre et leur fit fête.

La subordonnée circonstancielle est introduite par une conjonction ou une locution conjonctive de subordination
: quand, dès que, parce que, pour que, etc.

Le verbe de la proposition subordonnée a un sujet exprimé, différent de celui de la principale.
Ex.
: Il se tourna légèrement pour que ses voisins ne voient point son émoi.

Comment construire une subordonnée circonstancielle?
Il est possible de construire une phrase complexe en enchâssant une proposition dans une phrase, à la place d’un groupe nominal complément circonstanciel
:
Ex.
: Les tables étaient déjà mises pour le repas à l’arrivée des quatre compagnons.
à l’arrivée des quatre compagnons
: complément circonstanciel de temps du verbe mettre.




La proposition subordonnée obtenue a la fonction de complément circonstanciel dans la principale.

— > le mot subordonnant indique la relation de sens entre principale et subordonnée.

— > le mode du verbe de la subordonnée est souvent l’indicatif, parfois le subjonctif.


Caractéristiques

La subordonnée circonstancielle diffère de la subordonnée complétive.

• la subordonnée circonstancielle peut être supprimée sans que la phrase devienne incorrecte. Mais l’information donnée par la phrase est réduite
:
Ex.
: Les tables étaient déjà mises pour le repas.

• la subordonnée circonstancielle peut être déplacée dans la phrase, sauf celle qui exprime la conséquence (
si bien que, si… que):
Ex.
: Quand nos trois rois et Merlin arrivèrent au palais de Léodagan, les tables étaient déjà mises pour le repas.

Les tables étaient déjà mises pour le repas
quand nos trois rois et Merlin arrivèrent au palais de Léodagan.


Sens des subordonnées circonstancielles

Le mot qui introduit la subordonnée circonstancielle permet d’exprimer une nuance de sens
: le temps, le but, la cause, la comparaison, la conséquence, etc.

Ces nuances de sens sont très variées.

Réduction de la subordonnée circonstancielle

La réduction modifie le verbe et d’autres éléments de la subordonnée, pour donner plus de concision à l’ensemble.

La réduction ne peut pas modifier le sens de la phrase.

• Transformation nominale

La transformation nominale réduit la subordonnée circonstancielle à un groupe nominal prépositionnel. Ce groupe nominal est complément circonstanciel de la phrase.
Ex.
: Quand les trois rois arrivèrent, Léodagan se précipita à la porte de la salle.
À l’arrivée des trois rois, Léodagan se précipita à la porte de la salle.

• Transformation infinitive

La transformation infinitive réduit le verbe conjugué de la subordonnée circonstancielle à un verbe à l’infinitif, précédé d’une préposition.
Ex.
: Arthus se détourna de ses compagnons pour qu’il puisse leur dissimuler son trouble.

Arthus se détourna de ses compagnons
pour pouvoir leur dissimuler son trouble.

Les conditions de cette transformation sont nombreuses. Il faut surtout que la proposition principale et la proposition subordonnée aient le même sujet.


• Transformation participe

La transformation participe réduit une subordonnée circonstancielle à un participe passé ou présent.

Le participe passé employé sans auxiliaire est l’équivalent d’un adjectif épithète.
Ex.
: Parce qu’elle avait deviné le trouble d’Artus, Guenièvre s’amusait beaucoup.
Artus se troublant, Guenièvre s’amusait beaucoup.
Lorsque le repas fut terminé, Artus salua la jeune fille.
Le repas terminé, Artus salua la jeune fille.


• Le gérondif

Le gérondif est un participe présent précédé de
en. Il exprime une action simultanée à celle du verbe de la proposition principale.

La transformation n’est possible que si la proposition principale et la proposition subordonnée ont le même sujet.
Ex.
: Dès qu’il les vit venir, il alla à leur rencontre et leur fit fête.
En les voyant venir, il alla à leur rencontre et leur fit fête.


Pour l’expression écrite: Éviter les équivoques

La réduction d’une subordonnée circonstancielle à un infinitif, à un participe ou à un gérondif n’est pas toujours possible.
Un infinitif ou un participe en tête de phrase doit avoir le même sujet que le verbe principal.
Ex.
: * En traversant la rue, un bus a renversé un piéton.
Dans ce cas, vous devez éviter les équivoques en utilisant obligatoirement la construction avec la subordonnée:
* Arrivée dans la rue principale, un défilé de majorettes barrait le passage.
— > Alors que j’arrivais dans la rue principale, un défilé de majorettes barrait le passage.

*En rentrant de ma visite chez le cardiologue, Estelle m’a demandé quel était le résultat de l’examen.

Cette phrase n’est pas claire, car elle voudrait exprimer les faits suivants
:
Comme je rentrais de ma visite chez le cardiologue, Estelle m’a demandé quel était le résultat de l’examen.

alors qu’elle pourrait signifier:
Comme Estelle rentrait de ma visite (???) chez le cardiologue, elle m’a demandé quel était le résultat de l’examen. (???)


Résumé

La proposition subordonnée circonstancielle est un élément non essentiel de la phrase.

La proposition circonstancielle est introduite par une conjonction ou une locution conjonctive de subordination
: quand, dès que, parce que, pour que, etc., qui permet d’exprimer une nuance de sens: le temps, le but, la cause, la conséquence, etc.

Le verbe de la proposition subordonnée a un sujet exprimé, différent de celui de la principale.

Sous certaines conditions, la subordonnée circonstancielle peut être réduite à un groupe nominal prépositionnel, à un participe, à un gérondif.


Leçon publiée dans Grammaire et expression 5e Nathan