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Voltaire et l’Infâme

«Écrasons l'infâme»

Voltaire signait ses lettres en abrégé: Ecr. L'inf.


La lutte contre cet « infâme » qu'il faut écraser a été la grande affaire de Voltaire qui y a mis toute sa pugnacité, tout son génie.


Mais il ne faut pas oublier qu’elle est le fait aussi de l'ensemble des Philosophes des Lumières, à des degrés divers.


Cependant qui est l'« infâme »?

1. Explication de René Pomeau



« Objet de sa haine, écrit R. Pomeau, l'infâme est de ces
réalités émotionnelles qui n'ont pas besoin d'être définies par qui les éprouve.


Voltaire répète que l'infâme est un « 
fantôme hideux », « un monstre abominable », « l'hydre abominable qui empeste et qui tue ».


Si l'on cherche à préciser le contenu de cette notion un peu vague, on s'aperçoit que l'infâme, ce n'est qu'épisodiquement le
jansénisme; c'est tout aussi bien le calvinisme que le catholicisme.


« L'infâme est donc l'
intolérance, pratiquée par des Églises organisées, et inspirée par des dogmes chrétiens.

En fin de compte,
l'infâme, c'est le christianisme. II faut faire à Voltaire la justice de reconnaître son audace, quelque jugement qu'on en porte: il voulut abattre l'imposant édifice, vieux de dix-huit siècles. Voltaire signait Christmoque: il ne s'agit pas seulement d'amender ou de réformer le christianisme, il s'agit d'en retrancher tout ce qu'il a de chrétien. L'opération faite, il restera une « religion pure » qui peut s'accommoder encore d'une admiration pour un Christ tout humain »


R. Pomeau,
La religion de Voltaire, Nizet, 1956; nouv. éd. 1969, pp. 309-310.


2 Dossier d’André Magnan : 36 pages
dans les Cahiers Voltaire,

téléchargement ici :
http://societe-voltaire.org/cqv/cv13-magnan.pdf

« Il faut d’abord poser cinq faits : 1) avant Voltaire, l’infâme n’existait pas ; 2) Vol-taire n’a jamais explicité clairement ce mot qu’il a forgé ; 3) le terme lui a survécu, rapporté à des réalités différentes ; 4) les gloses, les réactions et les applications n’ont pas cessé, sur trois siècles, de faire débat ; 5) c’est seulement au XXe siècle qu’a pu s’opérer une certaine objectivation de l’infâme, attestée entre autres par la thèse de Pomeau sur La Religion de Voltaire (1956), par l’entrée du mot dans les dictionnaires (1989-), etc. »

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