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Le néoplatonisme à la Renaissance  





Pour Kepler, Paracelse, Nicolas de Cusa ou Agrippa de Nettesheim, comme pour Giordano Bruno, l’univers est un être vivant, pourvu d’une âme ; une identité essentielle relie tous les êtres vivants particuliers qui ne sont que des émanations du Tout.



Une relation d’universelle sympathie régit toutes les manifestations de la vie et explique la croyance de tous les penseurs de la Renaissance à la magie : aucun geste, aucun acte n’est isolé, ses répercussions efficaces s’étendent à la création entière, et l’opération magique atteint tout naturellement les choses et les êtres les plus lointains.


L’astrologie, de même, est nécessairement inscrite dans le système de tous ces philosophes : l’astrologie essentielle qui existe entre la nature et l’homme permet d’admettre, sans étonnement, que chaque destinée soit liée au cours des astres et des constellations. L’homme est au centre de la création, où il occupe une place privilégiée dans la chaîne des êtres, grâce à sa dignité de créature pensante et consciente, de miroir où l’univers se reflète et se reconnaît. Et, inversement, l’homme retrouve la création tout entière au centre de lui-même.






Connaître, c’est descendre en soi :
« Ce n’est pas l’œil qui fait voir l’homme, disait Paracelse, mais, au contraire, l’homme qui fait que l’œil voie ».

La connaissance du réel s’opère par une pure contemplation intérieure, par une expérience vécue ; comme tous les mystiques, ces philosophes parlent volontiers d’une naissance de Dieu en notre âme, ou d’une « co-naissance » de Dieu en notre âme. Ce n’est qu’à partir de ce centre de nous-mêmes qu’une juste perception du monde extérieur est possible, par une nouvelle analogie et une nouvelle co-naissance de Dieu et de notre âme.

Car la création visible a une valeur toute symbolique, et chacune de ses manifestations est une pure allusion à l’Unique, qu’il s’agit de saisir à travers elle.


Dans chacune de leurs démarches, ces esprits de la Renaissance tendaient à une perception globale du Tout. Leur procédé n’était jamais analytique, et de même que leur médecine ne soignait pas les organes isolés, mais prétendait s’en prendre toujours à l’homme entier, leur science ne connaissait aucune spécialisation : une connaissance partielle équivalait pour eux à une non-connaissance, et leur « humanisme », bien loin d’être une limitation à ce qui est humain, comprenait naturellement l’univers entier, qui, pour eux, nous était communiqué non seulement par ceux de nos organes qui sont tournés vers l’extérieur, mais par mille concordances intérieures. Et le grand mystère, qu’ils poursuivaient par tant de voies diverses, était une formule capable d’exprimer à la fois le rythme du Tout, et le rythme analogue de chacune de ses parties vivantes. De là leurs spéculations mathématiques : le nombre seul peut rendre compte d’une réalité conçue comme essentiellement rythmique.




Le Néo platonisme nourrit la pensée du XVIe siècle, et influence l’œuvre de Rabelais, celle des poètes de la Pléiade et de l'École lyonnaise : le 113ème sonnet de «L'Olive» de Du Bellay est ainsi intitulé l'Idée ou l’œuvre de Maurice Scève, «Délie», anagramme de l'Idée.